L’efficacité d’un traitement contre la phobie des orages et des coups de feu doit être perçue rapidement par les propriétaires surtout si le chien provoque des nuisances importantes ou se blesse.
En cas d’échec thérapeutique, l’hypothèse d’une hypothyroïdie doit être envisagée.

C’est à la fin du printemps qu’arrive la saison des orages, des feux d’artifice et des pétards, pour se finir par celle de la chasse et des coups de fusil qui l’accompagnent. Les chiens souffrant de phobie des coups de feu et/ou des orages ne montrent que de l’inquiétude, d’autres paniquent au point de détruire les issues et/ ou de se blesser en cherchant à fuir ou à se cacher.

Cet article propose une démarche thérapeutique simple pour prendre en charge efficacement ces chiens.
Un deuxième article traitera des thérapies comportementales utilisées pour prévenir et soigner les phobies.

 

Définition et classification des phobies

Une phobie est une peur « irraisonnée » face à un stimulus objectivement anodin, qui ne présente pas de danger réel. On parle de stimulus phobogène. Rappelons que la peur est une émotion intense qui s’accompagne de signes caractéristiques de trois ordres :

  • des manifestations neurovégétatives : tremblements, mydriase, tachycardie, tachypnée, hypersalivation, sudation des coussinets, miction/défécation par peur, piloérection ;
  • une posture de repli avec membres fléchis, oreilles plaquées, queue sous le ventre ;
  • un comportement incontrôlé (perte d’autocontrôle), avec en particulier une fuite sans contrôle droit devant au risque de se faire renverser, la recherche éperdue d’une cachette parfois improbable (« trou de souris ») ou la recherche désespérée de l’être d’attachement (au point de détruire les issues et de se blesser pour le rejoindre).

Le choix thérapeutique est fonction du diagnostic

On ne soigne pas de la même façon une phobie simple et une phobie complexe, associée à un état d’anxiété – on parle de phobie secondaire – (lire l’encadré).

Dans le premier cas, on envisage un traitement ponctuel. Dans le second, il faut aussi et surtout prendre en charge l’anxiété sous-jacente.

Pour une phobie simple : prise en charge ponctuelle

Si le stimulus phobogène est identifié et prévisible (par exemple, feux d’artifice), un traitement ponctuel est tout à fait envisageable. L’objectif est la diminution des manifestations neurovégétatives de peur : moins de tremblements, de tachypnée, de tachycardie, de miction…

Quel que soit le produit utilisé, les effets doivent être visibles dès la première prise. Si ce n’est pas le cas, la dose sera augmentée si c’est possible ou l’administration renouvelée 3 heures après.

Une administration préventive 12 heures avant la survenue du feu d’artifice ou de l’orage (en se fondant sur les prévisions météorologiques) est envisageable.

  • Plan A : un complément alimentaire apaisant (Anxitane ND, Zylkène ND) administré une heure avant environ, à double dose que celle indiquée pour le poids du chien, permet de diminuer les manifestations neurovégétatives, donc de permettre au chien de ressentir une peur moins intense et de s’apaiser plus rapidement. Utilisé régulièrement et associé à des mesures comportementales apaisantes (article à venir), le nutraceutique permettra une amélioration progressive et peut-être la guérison complète*.
  • Plan B : des antihypertenseurs sont utilisés couramment comme « anti-phobiques », à l’instar de ce qui est pratiqué chez l’Homme quand ils sont utilisés comme « anti-trac » pour les personnes qui souffrent de phobie sociale (peur de parler en public). La clonidine (Catapressan ND) ou le propranolol (Avlocardyl ND) est administré 1 heure avant le stress prévu. La durée d’action est d’environ 4-5 heures. Ils réduisent la transmission de la noradrénaline (le propranolol est un béta-bloquant, la clonidine est un alpha2- agoniste). Les manifestations neurovégétatives noradrénergiques doivent diminuer : le chien souffrant moins, il est plus à même de répondre aux mesures d’apaisement proposées par ses maîtres. D’autres molécules sont utilisées pour un effet calmant et sédatif plus que pour un effet thérapeutique. C’est le cas de l’acépromazine (Calmivet ND) qui est un neuroleptique. Il convient alors d’administrer une dose forte, sinon la confusion qu’elle entraîne peut augmenter l’angoisse du chien. Par ailleurs, l’effet désinhibiteur possible en cas de sous-dosage peut aggraver les manifestations de panique (destructions, agression). Enfin, une administration chronique induit un état de dépression.

En cas d’urgence (panique avec destruction chez un chien de grande taille), la médétomidine (Domitor ND) est intéressante pour son effet anxiolytique : c’est un alpha2-agoniste comme la clonidine (Catapressan ND).

Une consultation de comportement s’avère indispensable ensuite pour un traitement plus adapté.

Phobies complexes et secondaires, traiter l’anxiété

Si la phobie de l’orage touche un chien qui souffre par ailleurs d’anxiété, d’autres phobies ou si la phobie de l’orage s’est généralisée au point que le chien angoisse dès que le vent se lève, un traitement au long cours de l’anxiété doit être envisagé, accompagné d’une thérapie comportementale adaptée.

Il existe actuellement trois anxiolytiques vétérinaires : Selgian ND, Clomicalm ND et Reconcile ND.

Deux situations se présentent alors lors du traitement :

  • en même temps que l’anxiété diminue, les phobies disparaissent ; le traitement anxiolytique doit être poursuivi au moins six mois pour stabiliser l’état émotionnel du chien et éviter les rechutes ;
  • malgré la diminution de l’anxiété, les phobies persistent ; dans ce cas, un traitement ponctuel pourra être entrepris en association avec le traitement anxiolytique (tableau).

Conclusion

L’efficacité d’un traitement contre la phobie doit être perçue rapidement par les propriétaires surtout si le chien provoque des nuisances importantes ou se blesse. En cas d’échec thérapeutique, l’hypothèse d’une hypothyroïdie doit être envisagée, surtout quand il s’agit de l’apparition de phobies sans traumatisme sur un chien adulte.

* L’utilisation d’un produit homéopathique, de phytothérapie ou de fleurs de Bach peut être envisagée mais l’auteure, n’étant pas formée et n’ayant aucune expérience dans ce domaine ne peut apporter plus de précisions concernant l’efficacité attendue dans ce cas.

Gros plan

Classification des phobies

Selon leur origine

  • La phobie post-traumatique apparaît après que le chien a subi un traumatisme. Par exemple, la foudre est tombée près du chien. Depuis, il a peur des orages.
  • La phobie ontongénique ou syndrome de privation sensorielle : le chien qui s’est développé pendant les trois premiers mois de sa vie dans un environnement pauvre en stimulations sensorielles peine à s’adapter ensuite à toute nouvelle stimulation.
  • Les phobies secondaires apparaissent chez un chien émotionnellement vulnérable. C’est le cas de tous les chiens anxieux quelle que soit l’origine de cette anxiété, des chiens souffrant d’hypersensibilité-hyperactivité (Hs-Ha) et d’hypothyroïdie.

Selon leur degré de gravité

  • Lors d’une phobie simple, l’animal n’a peur que d’un stimulus précis et bien identifié : l’orage tonne, le chien tremble et part se cacher.
  • Lors d’une phobie complexe, le chien anticipe et commence à ressentir de la peur dès que surviennent des stimuli en rapport ou qui annoncent l’arrivée du stimulus phobogène. Par exemple, le chien angoisse dès qu’il commence à pleuvoir, même si le tonnerre n’a pas encore grondé. On parle de généralisation.
  • Lors de phobies multiples, le chien présente plusieurs phobies, qui sont généralement associées à une anxiété. Il s’agit de phobies ontogéniques (syndrome de privation sensorielle) ou de phobies secondaires. V.D.

Molécules utilisables

Si malgré la diminution de l’anxiété, les phobies persistent, un traitement ponctuel pourra être entrepris en association avec le traitement anxiolytique.

COMFORTIS® 270 mg comprimés à croquer pour chiens. COMFORTIS® 425 mg comprimés à croquer pour chiens.
COMFORTIS® 665 mg comprimés à croquer pour chiens. COMFORTIS® 1040 mg comprimés à croquer pour chiens.
COMFORTIS® 1620 mg comprimés à croquer pour chiens.
Composition : Principe actif : Comfortis 270 mg = spinosad : 270 mg, Comfortis 425 mg = spinosad : 425 mg, Comfortis 665 mg = spinosad : 665 mg, Comfortis 1040 mg = spinosad : 1040 mg, Comfortis 1620 mg = spinosad : 1620 mg. Excipients : cellulose microcristalline, arôme artificiel de bœuf, hydroxypropylcellulose, silicone colloïdale anhydre, croscarmellose sodique, stéarate de magnésium. Indications : Chiens : traitement et prévention des infestations par les puces (Ctenocephalides felis). L’effet préventif contre une ré-infestation résulte de l’action adulticide et de la réduction de la production d’œufs. L’effet persiste jusqu’à quatre semaines après une seule administration du produit. Le médicament vétérinaire peut entrer dans le cadre d’une stratégie thérapeutique de contrôle de la dermatite allergique aux piqûres de puces (DAPP). Posologie et voie d’administration : le médicament doit être administré afin de garantir une dose de 45 à 70 mg par kilo de poids corporel. Il doit être administré pendant ou immédiatement après l’ingestion de nourriture. Il peut être administré tous les mois à la dose recommandée en toute sécurité. Si le chien n’accepte pas les comprimés directement, ils peuvent être administrés avec l’alimentation. Contre-indications : Ne pas utiliser chez les chiens âgés de moins de 14 semaines. Ne pas utiliser en cas d’hypersensibilité au principe actif ou à l’un des excipients. Le médicament ne doit être utilisé pendant la gestation ou la lactation chez les chiennes qu’après évaluation bénéfice/risque établie par votre vétérinaire. Surdosage: On a observé que les vomissements le jour même ou le lendemain de l’administration augmentaient en fonction de la dose. Aucun antidote n’est disponible. En cas de signes cliniques indésirables, instaurer un traitement symptomatique. Effets indésirables : Le plus fréquent : Vomissements le plus souvent dans les 48 heures suivant l’administration. Dans la majorité des cas, ils constituent un événement passager, léger et n’exigent pas de traitement symptomatique. Les autres réactions indésirables sont peu fréquentes ou rares, incluant léthargie, anorexie, diarrhée, ataxie et convulsions. Interactions médicamenteuses : le spinosad est un substrat de la glycoprotéine P ou PGP, susceptible d’interagir avec d’autres substrats (par ex.digoxine, doxorubicine) et pourrait potentialiser les effets indésirables de ces molécules ou compromettre leur efficacité. Les rapports post-commercialisation, suite à l’utilisation concomitante hors-AMM de doses élevées d’ivermectine et de Comfortis, ont fait état de tremblements/secousses musculaires,salivation/hypersyalie, convulsions, ataxie, mydriase, cécité et désorientation chez les chiens. Précautions particulières d’emploi chez les animaux : utiliser avec prudence chez les chiens présentant une épilepsie préexistante. L’administration n’est pas adaptée chez les chiens de moins de 3,9 kg. Ne pas dépasser la dose prescrite. Conservation : conserver dans son emballage d’origine à température ambiante. Présentations : boîte de 1 ou 6 plaquettes de 6 comprimés à mâcher. AMM N°: EU/2/10/115/001 Comfortis 270mg, EU/2/10/115/003 Comfortis 425 mg, EU/2/10/115/005 Comfortis 665 mg, EU/2/10/115/007 Comfortis 1040 mg et EU/2/10/115/009 Comfortis 1620 mg – comprimés à mâcher pour chiens – Blister de 6 comprimés. Catégorie : usage vétérinaire. A ne délivrer que sur ordonnance vétérinaire. Pour une information complète, veuillez consulter la notice. Titulaire de l’AMM: Eli Lilly and Company Ltd, Priestley Road, Basingstoke, RG24 9NL, ROYAUME UNI.


Trocoxil 6 mg, 20 mg, 30 mg, 75 mg, 95 mg, comprimés à croquer pour chiens. Composition : Mavacoxib 6 mg, 20 mg, 30 mg, 75 mg, 95 mg. Excipients q.s.p. 1 comprimé. Indications : Chiens à partir de 12 mois : traitement de la douleur et de l’inflammation associés à l’arthrose dégénérative chez le chien dans les cas où un traitement de plus d’un mois sans interruption est indiqué. Contre-indications : Ne pas utiliser chez le chien de moins de 12 mois et/ou d’un poids inférieur à 5 kg ; chez les chiens souffrant d’ulcération ou de saignements gastro-intestinaux ; lorsque des troubles hémorragiques ont été mis en évidence ; en cas de trouble de la fonction hépatique ou rénale ou d’insuffisance cardiaque ; chez les animaux en croissance, les femelles gestantes ou allaitantes ; en cas d’hypersensibilité au principe actif, à l’un des excipients ou aux sulphonamides ; en même temps que des glucocorticoïdes ou d’autres AINS. Précautions d’emploi : Eviter l’utilisation chez des chiens déshydratés, hypovolémiques ou souffrant d’hypotension. L’administration concomitante de médicaments potentiellement néphrotoxiques doit être évitée. S’assurer d’une hydratation et d’un statut hémodynamique appropriés lorsque les animaux qui reçoivent du mavacoxib subissent une anesthésie et/ou une intervention chirurgicale ou sont dans des conditions pouvant conduire à une déshydratation ou compromettre le statut hémodynamique. Précautions particulières à prendre par la personne qui administre le médicament vétérinaire aux animaux : En cas d’auto-ingestion accidentelle, demandez immédiatement conseil à un médecin et montrez-lui la notice ou l’étiquetage. L’ingestion de mavacoxib peut être dangereuse pour les enfants et des effets pharmacologiques prolongés conduisant par exemple à des désordres gastro-intestinaux peuvent être observés. Les personnes présentant une hypersensibilité connue aux AINS devraient éviter tout contact avec le médicament vétérinaire. Ne pas manger, boire ou fumer lors de la manipulation du produit. Se laver les mains après avoir manipulé le produit. Effets indésirables : Effets indésirables liés aux AINS. Ils peuvent dans de rares cas être mortels. Si un effet indésirable apparaît lors de l’administration de mavacoxib, aucun autre comprimé ne doit être administré et un traitement tels que ceux utilisés en cas de surdosage en AINS doit être mis en place. Utilisation en cas de gravidité ou de lactation : cf rubrique « Contre-Indications ». Interactions médicamenteuses : cf rubrique « Contre-Indications ». Les risques d’interaction doivent être pris en compte durant toute la durée d’effet du produit, soit 1 à 2 mois après l’administration de Trocoxil. Les chiens doivent être étroitement surveillés si Trocoxil est administré simultanément avec un anticoagulant. Quand Trocoxil doit être administré en remplacement d’un autre AINS, respecter une période sans traitement approprié d’au moins 24 heures avant l’administration de la première dose. La période sans traitement devrait cependant tenir compte de la pharmacologie du médicament utilisé auparavant. Si un autre AINS doit être utilisé après le traitement avec Trocoxil, une période sans traitement d’UN MOIS au moins doit être respectée, afin d’éviter tout effet indésirable. Posologie et voie d’administration : Voie orale. IL NE S’AGIT PAS D’UN TRAITEMENT QUOTIDIEN. La dose est de 2 mg de mavacoxib par kg de poids corporel, donnée immédiatement avant ou pendant le repas principal du chien. Le traitement doit être répété une première fois 14 jours plus tard, après quoi, l’intervalle est d’UN MOIS. Un cycle de traitement ne doit pas excéder 7 doses consécutives (6,5 mois). Consulter le tableau de posologie de la notice. Surdosage : Il n’existe pas d’antidote spécifique lors de surdosage de mavacoxib, mais un traitement de soutien devrait être mise en place, comme dans tout cas de surdosage avec un AINS. Présentation et AMM : Trocoxil 6 mg boîte de 2 comprimés : EU/2/08/084/001, Trocoxil 20 mg boîte de 2 comprimés : EU/2/08/084/002, Trocoxil 30 mg boîte de 2 comprimés : EU/2/08/084/003, Trocoxil 75 mg boîte de 2 comprimés : EU/2/08/084/004, Trocoxil 95 mg boîte de 2 comprimés : EU/2/08/084/005. Catégorie : Liste I – Usage Vétérinaire – A ne délivrer que sur ordonnance . Exploitant : Pfizer, 23-25 avenue du Dr Lannelongue, 75014 Paris. Pour une information complète consulter la notice. Pfizer Assistance 0810 734 937 (0810 PFIZER).

Auteur

Dr. Valérie Dramard,
Docteur Vétérinaire comportementaliste
 

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Extrait de La Dépêche Vétérinaire Sciences & pratique Animaux de compagnie N° 1175 du 23 au 29 juin 2012

 

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