L’apparition d’un globe vésical résulte de l’accumulation anormale d’urine dans la vessie d’un animal. Certaines pathologies empêchent une évacuation correcte des urines et il devient même parfois totalement impossible pour l’animal de faire pipi.
S’ensuit une absence de vidange de la vessie, une augmentation de volume de cette dernière qui se distend jusqu’à devenir énorme, dure et extrêmement douloureuse : on parle de “globe vésical”. Ce type de trouble est relativement fréquent chez les chats mâles, plus exposés de par leur anatomie. Un globe vésical s’accompagne de très graves conséquences pour l’organisme et doit être traité de toute urgence pour éviter le décès du chat.
Cet article n’évoquera que les anomalies de vidange vésicale ayant une origine anatomique et non liées à un dysfonctionnement des nerfs innervant la vessie ou des muscles vésicaux.
Quelques rappels anatomiques
L’urine permet d’éliminer divers déchets (dont l’urée) ainsi que des minéraux et l’eau présents en excès dans l’organisme. Elle est produite dans les reins puis progresse par deux canaux appelés uretères jusqu’à la vessie où elle est stockée. Lors de la miction, c’est-à-dire lorsque l’animal vidange sa vessie, l’urine passe de la vessie vers l’extérieur en traversant un conduit appelé urètre.
Si quelque chose empêche le passage normal des urines dans l’urètre, ces dernières s’accumulent dans la vessie. Chez le chat mâle, l’urètre est un conduit long et étroit (comparativement à celui de la femelle), ce qui augmente de façon importante le risque d’obstruction.
Quels signes doivent vous alerter ?
Certains symptômes sont évocateurs de troubles urinaires et doivent vous amener à consulter votre vétérinaire pour vérifier la possible présence d’un globe vésical.
Il peut s’agir de :
Troubles de la miction
Le chat peut présenter :
- Des difficulté à uriner (dysurie) : Il se place en position sur sa litière mais n’émet que des jets d’urine faibles et/ou saccadés voire rien du tout (on parle d’anurie)
Il va très fréquemment sur sa litière et y reste longtemps - Des signes de douleurs (strangurie) : le chat se lèche très fréquemment en région uro-génitale et se plaint (miaulements) lorsqu’il tente de faire pipi.
- Du sang dans les urines (hématurie) lorsqu’il parvient à émettre quelques gouttes
- Un abdomen tendu et douloureux
Ces symptômes sont malheureusement plus difficiles à déceler pour un chat qui fait ses besoins à l’extérieur.
Symptômes plus généraux
- Du fait de la douleur, l’animal a moins d’appétit
- Dans les cas plus avancés, le chat présente un abattement, des nausées, des vomissements et de l’anorexie
- L’accumulation d’urine dans la vessie provoque une accumulation d’urée, de créatinine, de phosphates, de potassium et d’ions hydrogènes (qui sont normalement éliminés lors des mictions) dans la vessie puis dans le sang. Ces substances, toxiques en quantité trop élevée, entraînent de nombreux dysfonctionnements tels que de l’abattement, une hypothermie, une baisse du niveau de conscience qui peut aller jusqu’à un coma et des troubles cardiovasculaires pouvant entraîner le décès de l’animal.
La présence d’un globe vésical est donc une affection très grave qui s’accompagne d’un pronostic réservé. L’observation, chez votre animal, d’un ou plusieurs des signes évocateurs cités précédemment doit donc vous inciter à consulter un vétérinaire de toute urgence.
Quelles sont les causes de rétention urinaire
L’absence d’écoulement des urines peut avoir plusieurs origines chez le chat mâle
Elle est, dans la plupart des cas, liée à la présence d’un obstacle physique qui obstrue l’urètre.
Il peut s’agir :
- D’un bouchon muqueux (petit amas composé de protéines, de cellules et de cristaux qui prend la forme d’un tube et bouche l’urètre)
- De calculs urétraux : Chez le chat, une modification du pH des urines peut provoquer l’apparition de cristaux urinaires. Il peut s’agir de cristaux de différents types : struvites ou « phosphates ammoniaco-magnésiens », oxalates de calcium, urates, cystine…
Ces cristaux peuvent s’agglomérer en calculs (urolithes) qui peuvent venir se déposer dans l’urètre et boucher cet étroit conduit. - Plus rarement, d’une tumeur, d’un corps étranger ou d’une sténose (rétrécissement du conduit urétral)
mais l’obstruction peut également résulter d’une obstruction fonctionnelle, notamment lors de cystite (inflammation de la vessie). L’anomalie d’écoulement des urines peut alors être liée à la présence d’un spasme urétral, d’œdème…
Diagnostic
La description des troubles que vous avez observés chez votre chat va aider à orienter le diagnostic du vétérinaire.
Ce dernier peut réaliser différents types d’examens pour confirmer la présence d’une obstruction urinaire et rechercher sa cause :
Une palpation abdominale : pour pouvoir constater la présence d’un globe vésical.
Des radiographies abdominales (sans ou avec contraste) : pour mettre en évidence la présence d’éventuels cristaux
Une échographie abdominale
Un bilan sanguin (biochimie, ionogramme, hématologie) pour rechercher les complications provoquées par l’obstruction urinaire
Une analyse cytobactériologique de l’urine pour déterminer le désordre en cause, découvrir la nature des cristaux éventuellement présents dans la vessie (struvites ou « phosphates ammoniaco-magnésiens », oxalates de calcium, urates, cystine), déceler des cellules tumorales ou la présence de bactéries.
Dans les rares cas de globes vésicaux liés à une infection bactérienne, un antibiogramme pour choisir le meilleur antibiotique sera réalisé
Traitement
Lorsque l’état général du chat est altéré, l’animal est placé sous perfusion puis le vétérinaire procède à un sondage urinaire sous anesthésie pour permettre à nouveau l’écoulement des urines (en repoussant le bouchon muqueux ou les calculs éventuellement présents) : il introduit pour cela une petite sonde urinaire depuis l’abouchement de l’urètre à l’extrémité du pénis en direction de l’intérieur de la vessie. Au cours de l’hospitalisation, le chat reste sous perfusion dans le but de corriger les déséquilibres hydro-électrolytiques qu’avait provoqués l’accumulation des urines et de lutter contre le choc.
À ces traitements sont ajoutés : des antalgiques, des analgésiques pour lutter contre la douleur ainsi que des antibiotiques si une infection bactérienne initiale ou secondaire à la pose de la sonde a été diagnostiquée. Des spasmolytiques urinaires pour atténuer la douleur et les spasmes peuvent également être utilisés. Si des cristaux de struvite ont été décelés et ont causé l’obstruction, un acidifiant urinaire sera préconisé. La sonde est généralement maintenue en place en moyenne 48 heures après quoi on vérifie que les analyses sanguines sont redevenues normales et que le chat urine normalement avant de décider de son retrait.
À noter que dans certains cas, par exemple lors de présence de cristaux d’oxalate de calcium, le vétérinaire peut choisir d’ouvrir la vessie (on parle de cystotomie) pour retirer les cristaux car ce type de cristaux ne s’élimine pas par un simple changement d’alimentation.
Lutter contre les facteurs favorisants : prévention des récidives
L’alimentation influe sur le pH urinaire et la quantité de minéraux présents dans les urines. Si des cristaux ont été mis en évidence par le vétérinaire, il prescrira des aliments spécifiques ayant pour but de maintenir les urines à un pH bien précis, défavorable à la formation de tous types de cristaux et calculs. Cette alimentation sera de préférence distribuée sous forme humide (pâtées ou sachets fraîcheur) afin de diluer davantage les urines et ainsi favoriser l’élimination des cristaux et diminuer leur formation.
La faible absorption d’eau de boisson peut également participer de l’apparition des symptômes. La multiplication des points d’eau (plusieurs gamelles, fontaine à eau…) incitera le chat à boire davantage.
Enfin, manque d’activité et surpoids sont, eux aussi, des facteurs favorisant l’apparition de troubles urinaires. Il faudrait donc inciter le chat à jouer davantage et surveiller régulièrement son poids avec votre vétérinaire.
Auteur : Dr. Yoann Desir et illustratrice : Dr. Caroline Allard – Vetup®
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