L’asthme concernerait 7 % de la population adulte française et toucherait 1% de la population féline et notamment 5% des chats siamois.
L’asthme du chat serait d’origine allergique et ferait partie de l’atopie féline, à côté d’affections cutanées comme la dermatite miliaire, le complexe granulome éosinophilique félin. (allergie de type I).
Aucune étude n’a été faite pour savoir si une prédisposition génétique existerait chez les félins comme chez l’homme (gène ADAM33).
De même, tous les chats, quelque soit leur âge peuvent développer un syndrome asthmatiforme, mais il semblerait que les animaux âgés entre 1 à 8 ans soient plus particulièrement affectés.
Aucune étude n’a été publiée d’une part sur l’impact de la pollution sur les bronches de nos compagnons et d’autre part sur le « surhygiène » qui entraînerait un manque d’auto-immunisation et qui expliquerait aussi la montée des allergies.
Les chats obèses sont plus enclin à devenir asthmatique !
Les symptômes
Comme chez l’homme, l’asthme félin se manifeste par des crises de grandes difficultés respiratoires. Le chat reste assis et tend le cou en avant et tire la tête vers le bas… Il respire la gueule ouverte , il présente des efforts respiratoires abdominaux …les pupilles sont dilatées, la langue souvent cyanosée ( bleue), le regard du chat est anxieux….
La crise peut ne durer que quelques minutes mais elle peut entraîner la mort par suffocation…
Le diagnostic
Il est essentiellement clinique.
- En dehors des symptômes décrits précédemment, le chat présente à l’auscultation cardiorespiratoire, 2 types de bruits anormaux :
- Sifflements diffus, témoins d’une atteinte respiratoire profonde. Ces bruits, surtout expiratoires, résultent d’une diminution du calibre des bronches…
- Crépitements : Ces bruits discontinus égaux entre eux, apparaissent en début d’inspiration et /ou de l’expiration, sont plus facile audibles après la toux…1.
- L’examen radiologique n’apporte rien dans de bien intéressant pour le diagnostic de l’asthme.
- La présence d’une éosinophilie sanguine, présente dans 75% des cas ne reste cependant qu’un élément d’orientation et non une certitude.
- Le diagnostic par intradermo-réaction (tests cutanées) présente peu d‘intérêt chez le chat.
- Un test positif ne signifie pas nécessairement que le chat est atopique.
- Un test négatif ne veut pas non plus dire que le chat n’est pas sensibilisé à cet allergène… Le dosage des IgE sériques est encore à l’étude expérimentale…
Les allergènes responsables
Ce sont essentiellement des aéro-allergènes
- Pollens ( asthme saisonnier !)
- Poussières de maison : acariens : dermatophagoides farinae
- Fumées :cigarettes, cheminée…
- Poussières : de la litière, tapis, des croquettes…
- Aérosols : parfums, désodorisants…
- Produits ménagers : détergents…
- Produits chimiques, la pollution probablement…
- Les trophallergènes ou allergènes alimentaires ne procurent que rarement une crise asthmatiforme chez le chat.
Cependant, certains chats semblent répondre favorablement à une alimentation hypoallergénique, peut-être à cause du passage sous le seuil de sensibilité allergique bien que le facteur responsable soit un aéro-allergène. - Comme chez l’homme, le stress pourrait être aussi un facteur déclenchant de la crise d’asthme.
Mécanisme d’action
« Le chat présente des particularités qui le prédisposent à l’asthme, notamment le caractère élastique du cartilage des voies respiratoires.
Lors de la présence d’aéro-allergènes au niveau bronchique, la fixation de complexes IgE-antigènes à la surface des mastocytes entraîne leur dé granulation avec libération d’histamine, sérotonine, et divers cytokines pro-inflammatoires…, et l’afflux de granulocytes éosinophiles.
Parallèlement, le système orthosympathique est inhibé alors que le système parasympathique est stimulé.
Les conséquences sont un œdème et une infiltration cellulaire de la muqueuse bronchique et une broncho constriction et hypersécrétion de mucus, l’ensemble étant responsable d’un rétrécissement majeur des voies aériennes et de la crise d’asthme » 2
Traitements
1 – D’éviction
Les traitements d’éviction consistent à supprimer les facteurs responsables de l’asthme.
Il faut donc :
- supprimer les sources de poussière et l’ habitat des acariens ( tapis, coussins…)
- passer régulièrement l’aspirateur, muni d’un filtre anti-acarien
- laver régulièrement les lieux de couchage à l’eau chaude
- éviter les parfums, les aérosols, le tabac
- éviter de laver les sols à grande eau, car l’humidité est mauvaise pour les bronches !
- supprimer la nourriture déshydratée ( croquettes) à cause de la présence d’acariens de stockage? (publication du Dr Prost, vétérinaire dermatologue).
2 – Traitement médical allopathique
A – Bronchodilatateurs
Les principaux symptômes de l’asthme sont des sifflements , conséquences d’une broncho-contraction, d’où l’intérêt thérapeutique des broncho-dilatateurs :
- Les Methylxanthines , dont la théophylline
La théophylline favorise le relâchement des muscles lisses bronchiques et du diaphragme ( Dilatrane ND)
B – Glucocorticoïdes
La Dexamethasone et la Prednisolone sont les plus utilisées en présentation orale ou injectable à action immédiate ou retard…
Leur emploi à long terme n’est pas sans effets secondaires ( polyurie, polyphagie, polydipsie…).
C – L’aérosolthérapie : (nébulisation ou spray doseur)
Des corticoïdes comme la Fluticasone, des bronchodilateurs comme le Salbutamol, plus connu sous le nom de Ventoline chez l’homme sont utilisés et permettent d’utiliser de très faibles doses de médicament pour obtenir de bons effets thérapeutiques avec un minimum d’effets secondaires!
D – Immuno-modulateurs
La ciclosporine (Atopica ND) permet d’éviter la dégranulation des mastocytes qui alors libèrent de l’histamine de la sérotonine…, génératrices de la crise d’asthme.
Cependant, cette molécule peut présenter sur certains chats des effets de hépato, néphro, voire neuro-toxicité. De plus son coût de revient est élevé pour une utilisation à long terme
3 – Traitement homéopathique
L’asthme félin fait partie des maladies “atopiques” du chat, au même titre que le complexe granulome éosinophilique et la dermatite miliaire…..
A – Traitement de fond
- Manganèse et soufre
Comme dans toutes les maladies allergiques, l’apport de Manganèse et de Soufre est nécessaire: Pyrolusite DH 8 gouttes buvables + Soufre natif DH 8 gouttes buvables, à raison de 5 gouttes de chaque produit / jour. Ces 2 oligoéléments sont reconnus comme ayant des propriétés antiallergiques et désensibilisantes. Ils sont aussi des modificateurs du terrain.
Il est prouvé chez l’homme que les sujets atteints d’atopie assimilent mal le Manganèse, d’où l’intérêt d’un apport supplémentaire sous forme de complément alimentaire chez ces malades. - Thymuline 7 CH ou 9 CH
La Thymuline est l’une des hormones produites par le thymus qui a un rôle important dans la maturation des lymphocytes T, agents de l’immunité. La concentration de 9 CH a une action modulatrice sur cette hormone et donc tempère les réactions du système immunitaire face à l’allergène. Donnez une dose / semaine., minimum de 6mois. Ce traitement peut être renouvelé. - La Griffe du chat ( Uncaria Tomentosa) à la place de la Thymuline :
Cette plante présente aussi des propriétés immuno-modulatrices et peut-être aussi prescrite à raison d’une posologie de 20 mg /Kg/ jour et peut être associée à des Corticoïdes, contrairement à la Thymuline 9 CH , médicament homéopathique. Le laboratoire vétérinaire Abivet la commercialise sous le nom de Catclovir comprimé chat ( en vente uniquement sur prescription).
B – Traitement de la crise
- Poumon-histamine 7 CH ou 9 CH
C’est le médicament à donner dans un premier temps pour améliorer rapidement l’état de détresse respiratoire : Poumon -histamine 7 CH, toutes les 2 à 3 heures! - Autres médicaments homéopathiques: à associer en fonction des symptômes observés 3, 4, 5 :
- Ipeca : en cas de respiration sifflante, très forte dyspnée, aggravation par les temps humides et le mouvement. Toux sèche, parfois nauséeuse (vomissements).
- Senega : en cas de grande accumulation de mucosités dans les bronches, expectoration difficile. Parésie bronchique, aggravation à l’air frais et le matin. Toux violente. Il peut se prescrire en 1X à 3 X dans les cas graves.
- Antimonium Tartaricum : en cas de dyspnée intense et tendance à l’asphyxie. Toux grasse avec expectoration peu abondante et difficile.
- Kalium Carbonicum : en cas de toux sèche, pénible, étouffante surtout nocturne. Sécrétions bronchiques peu abondantes . D’après Kent : Kalium Carbonicum a l’une des plus violentes toux de tous les remèdes de la matière médicale.
- Ammonium Carbonicum : en cas de râles thoraciques analogues à des ronflements provoqués par l’accumulation de mucus difficile à expulser. Toux incessante principalement la nuit. Tendance à la défaillance cardiaque.
- Blatta orientalis : en cas de crise consécutive à des travaux dégageant de la poussière….
L’auteur de cet article se réserve le droit de modifier cette liste.
Ces médicaments homéopathiques seront prescrits en basse dilution et seront renouvelés plusieurs fois dans la journée, jusqu’à amélioration !
On prescrit souvent les traitements de l’asthme à vie. L’approche allopathique classique peut devenir à long terme nocive….
L’homéopathie, en soignant le terrain, permet de limiter les crises et présente le grand avantage de ne générer aucun effet secondaire.
Toutefois, ces traitements nécessitent une bonne connaissance de la matière médicale ou le concours d’un vétérinaire «homéopathe» car l’asthme du chat, comme celui de l’homme peut être mortel !
Donc prudence dans l’auto-médication de votre chat asthmatique….
Bibliographie
- Nouveautés thérapeutiques dans l’asthme du chat: Thèse de doctorat vétérinaire de Victoria Vanneph ( Faculté de Créteil 2009).
- L’Asthme félin : Aurore Hamelin La Dépêche vétérinaire N° 1060.
- Homéopathie vétérinaire H. Quiquandon.
- Dictionnaire d’homéopathie pour nos animaux de compagnie. Dr P. de Wailly.
- Thérapeutique homéopathique. M.N Issautier.
Auteur
Dr. Serge Arnaud, docteur vétérinaire
Plus d’articles sur arnaudveto.blogspot.fr
Site de conseils vétérinaires