L’hématurie correspond à la présence de sang dans les urines.
On parle d’hématurie macroscopique lorsque le sang colore l’urine en rouge, d’hématurie microscopique lorsque à plusieurs reprises la numération des éléments figurés d’une urine de coloration normale montre la présence d’une quantité d’hématies supérieures aux valeurs physiologiquement admises.
Arbre décisionnel
Abord théorique des hématuries
Mise en évidence de l’hémoglobine
Lorsque les urines sont rouges, il faut définir s’il s’agit d’hématies ou d’un colorant rouge.
Il est alors nécessaire de définir si le colorant a une activité péroxydasique (hémoglobine, myoglobine) ou non péroxydasique.
Physiopathologie du saignement
1ère hypothèse : Lésion du tractus urinaire et des organes annexes.
- Type de lésion : infection, tumeur, traumatisme, immunitaire, iatrogénie.
- Localisation : rein, vessie, uretère, urètre, prostate, testicule, épididyme, vagin, utérus.
2ème hypothèse : Troubles de la coagulation.
- Coagulation plasmatique acquise ou génétique
- anomalie plaquettaire
- CIVD
- lésions vasculaires (vasculite).
Abord pratique des hématuries
Étape 1 : Urines colorées ou pigmenturie ?
- La différenciation s’effectue par la bandelette réactive urinaire
Étape 2 : Hématurie microscopique
- Le seuil de détection à la bandelette réactive urinaire pour l’hémoglobine est > 100µg/L (> 3 hématies / µL) soit de 150 à 620 µg/L correspond à 5 à 20 hématies/ µL.
L’hématurie physiologique est fonction du mode de prélèvement des urines.
Le nombre des hématies par champ au grossissement x400 doit être compris entre 0 et 8 pour des urines prélevées par miction volontaire, de 0 à 5 par cathétérisme et de 0 à 3 par cystocentèse. - Les hématuries rénales d’origine traumatique peuvent être provoquées par une lacération du parenchyme rénal, une lésion du pédicule rénal ou une rupture du rein. L’importance de l’hématurie n’est pas fonction de l’importance des lésions.
Un traumatisme du rein est suspecté par les commémoratifs, par un examen clinique qui met en évidence une douleur sous-lombaire ou un gonflement et des anomalies morphologiques détectées à l’échographie ou à l’urographie intraveineuse.
Une insuffisance rénale peut-être présente lors de l’atteinte des deux reins. Le saignement rénal est souvent découvert lors d’une laparotomie exploratrice réalisée pour découvrir l’origine d’un hémopéritoine succédant à un traumatisme abdominal. - Les tumeurs rénales sont responsables d’hématurie lors de carcinome des cellules rénales, de carcinome des cellules transitionnelles, d’hémangiome ou d’hémangiosarcome.
Parfois, les cellules tumorales sont identifiées dans le sédiment urinaire.
L’échographie dans la plupart des cas va repérer une tumeur dont la nature exacte est diagnostiquée par histologie (ponction-biopsie rénale sous échographie, PBR) ou par cytologie (ponction à l’aiguille fine). - Les lithiases rénales sont le plus souvent asymptomatiques.
Parfois elles peuvent être responsables d’un saignement.
Le diagnostic est à la fois radiographique avec ou sans produit de contraste (UIV) ou échographique.
L’examen physicochimique de la composition du calcul est indispensable pour mettre en place un traitement postopératoire. - La maladie polykystique rénale (polykystic kidney disease, PKD) peut induire une hématurie par l’érosion des vaisseaux.
Lors de maladie polykystique rénale, la ponction-biopsie rénale est inutile et contre indiquée car elle peut provoquer un hémopéritoine. - Lors de glomérulopathie le signe biologique majeur est la protéinurie.
L’hématurie est extrêmement rare et se manifeste le plus souvent au début de l’affection. La présence de nombreux cylindres ou de quelques cylindres hématiques est plutôt le signe d’une atteinte rénale glomérulaire que d’une anomalie du bas appareil urinaire.
La ponction-biopsie rénale permet d’affirmer la lésion glomérulaire. - Les anomalies vasculaires telles que des fistules artério-veineuses, des anévrismes rupturés ou des communications entre les calices et les sinus veineux peuvent être responsables chez l’homme d’hématuries massives.
Ce type d’anomalies qui demande des méthodes d’explorations sophistiquées (angiographie rénale et scintigraphie) n’est pas bien connu chez le chien et le chat. - Les parasites spécifiques du rein tels que Capilaria plica et Dioctophyma renale sont responsables d’hématurie.
Cette catégorie d’affection est diagnostiquée par la mise en évidence des œufs de parasites dans les urines. - Des hémorragies massives d’origine non traumatique dont la cause est inconnue sont décrites chez le chien.
En médecine humaine, ce syndrome est connu sous les noms d’hématurie essentielle bénigne, hématurie récurrente bénigne et hématurie rénale idiopathique.
Les caractéristiques cliniques et biologiques de ce syndrome sont l’absence de diathèse hémorragique, de chirurgie, de radiothérapie, de traumatisme, une analyse d’urine normale à l’exception de la présence des hématies, une fonction rénale normale, une échographie rénale normale et une UIV avec un urogramme d’excrétion normal.
Pour les observations qui concernent les chiens, tous les critères ont été respectés à l’exception de l’urogramme d’excrétion qui montre un hydro-urétère et une hydro-néphrose (Stone et Coll., 1983).
Parfois, le clinicien fera appel à la laparotomie pour essayer de déterminer la cause de l’hématurie.
Cette exploration sera réalisée lors d’une hémorragie sévère responsable d’anémie, une incapacité de localiser le lieu de l’hémorragie, ou la nécessite d’éliminer une origine néoplasique du saignement.
La présence d’un hydro-urétère ou d’une hydro-néphrose secondaire à un caillot de sang est une indication à la chirurgie.
Une hydronéphrose lors de caillot sanguin est réversible si le caillot est retiré dans un délais de 6 à 7 jours.
Un gros caillot dans la vessie qui obstrue les uretères doit être enlevé (Stone, 1986).
Auteur
Dr. Jean-Pierre Pagès,
Dr. Méd. Vét., ECVIM
Praticien à St Orens de Gameville (Haute-Garonne, 31)
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